jeudi 15 février 2007

Brève chronologie

1970 : Mgr Marcel Lefebvre fonde à Écône (Suisse) la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (FSSPX). Avec l'autorisation de Paul VI, l'institution est érigée canoniquement par Mgr Charrière, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg.

1974 : Mgr Lefebvre stigmatise la politique d'ouverture post-conciliaire, attaquant en particulier le dialogue interreligieux. Le 21 novembre 1974, il publie un manifeste résumant ses positions : « Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s'est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. (…) Cette Réforme étant issue du libéralisme, du modernisme, est tout entière empoisonnée ; elle sort de l'hérésie et aboutit à l'hérésie, même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques. »
(Déclaration du 21 nov 1974)

1975 : suite à cette déclaration, l'évêque de Fribourg retire son autorisation à la FSSPX. Malgré cela Mgr Lefebvre décide de continuer son action de formation de prêtres, et en juin 1976, il ordonne treize prêtres sans lettres dimissoires.

22 juillet 1976 : Paul VI frappe Mgr Lefebvre d'une suspense a divinis pour son opposition au Concile Vatican II et aux réformes qui s'y rattachent et la Fraternité est dissoute. En réponse, dans une interview au Figaro, Mgr Lefebvre décrit Vatican II comme « un concile schismatique ».

5 mai 1988 : souhaitant assurer sa succession, Mgr Lefebvre entame de longs pourparlers avec le Saint Siège qui aboutissent le 5 mai à la signature d'un accord entre le cardinal Ratzinger et Mgr Lefebvre, accord qui reconnaît le principe du sacre d'un évêque pour la FSSPX. Cet évêque serait choisi par Rome parmi les membres de la FSSPX.

6 mai 1988 : Mgr Lefebvre revient sur sa signature, affirmant que les bonnes intentions du Saint-Siège lui semblent trop floues, que le délai de la consécration est trop long (dans sa lettre adressée au cardinal Ratzinger, il écrit : « Tout a été désormais préparé pour la cérémonie du 30 juin, hôtels retenus, moyens de transport, location d’immenses tentes qui devraient abriter la cérémonie ») et enfin qu'un seul évêque lui parait nettement insuffisant. Si ce revirement a pu surprendre, il trouvera son explication plus tard lorsque fut publiée une lettre datée du 29 août 1987 et envoyée avant les sacres par Mgr Lefebvre aux quatre futurs évêques : « La chaire de Pierre et les postes d'autorité de Rome étant occupés par des antichrists, la destruction du Règne de Notre Seigneur se poursuit rapidement à l'intérieur même de son Corps mystique ici-bas, spécialement par la corruption de la sainte Messe. […] C'est ce qui nous a valu la persécution de la Rome antichrist. Cette Rome, moderniste et libérale, poursuivant son oeuvre destructrice du Règne de Notre Seigneur. […] C'est pourquoi […] je viens par cette lettre vous demander d'accepter de recevoir la grâce de l'épiscopat catholique […]. Je vous conférerai cette grâce, confiant que sans tarder le Siège de Pierre sera occupé par un successeur de Pierre parfaitement catholique en les mains duquel vous pourrez déposer la grâce de votre épiscopat pour qu'il la confirme.»

24 mai 1988 : dans un courrier, Mgr Lefebvre demande au Saint Siège d’exprimer ses intentions sur les deux points suivants: « consécration des 3 évêques postulés pour le 30 Juin et majorité des membres de la Tradition dans la Commission romaine. » (Commission responsable des négociations avec la FSSPX et du choix de l’évêque)

30 mai 1988 : le Cardinal Ratzinger répond que « la question d’une majorité [dans la Commission] ne se pose pas » car « ce n’est pas elle, mais le Saint-Siège qui, en dernière instance, prendra les décisions ». En revanche, il rappelle que « le Saint-Père […] est disposé à nommer un évêque membre de la Fraternité » et s’engage « à faire accélérer le processus habituel de nomination, de manière à ce que la consécration puisse avoir lieu pour la clôture de l’Année mariale le 15 août prochain. »

2 juin 1988 : Mgr Lefebvre voit dans cette réponse un « refus de considérer [ses] requêtes » et informe le Saint Père dans une lettre : « nous nous donnerons nous-mêmes les moyens de poursuivre l’œuvre que la Providence nous a confiée, assurés par la lettre de Son Éminence le Cardinal Ratzinger datée du 30 mai, que la consécration épiscopale n’est pas contraire à la volonté du Saint-Siège, puisqu’elle est accordée pour le 15 août. Nous continuerons de prier pour que la Rome moderne, infestée de modernisme, redevienne la Rome catholique et retrouve sa Tradition bimillénaire. »

30 juin 1988 : Mgr Lefebvre décide de procéder aux sacres de quatre évêques sans l'accord de Rome. Ce sacre d'évêques malgré l'interdiction de Rome relève de l'excommunication latæ sententiæ : l'individu s'excommunie lui-même, du simple fait de son acte (Code de Droit canonique, Canon 1382).

1er juillet 1988 : le cardinal Gantin, par le décret Dominus Marcellus Lefebvre avertit que Mgr Lefebvre a « posé un acte schismatique » en citant les canons 1364-1 et 1382 du Code de droit canonique.

2 juillet 1988 : par le Motu Proprio Ecclesia Dei, Jean-Paul II confirme l’excommunication des évêques et témoigne du désir de l'Église d’accueillir les fidèles traditionalistes, en demandant aux évêques diocésains d'accorder de façon « large et généreuse » la pratique des livres liturgiques de 1962 [messe de Saint Pie V ] dans leurs diocèses. Certaines communautés proches de la FSSPX qui n’acceptent pas la situation de schisme sont accueillies dans l'Église en juillet 1988. Quelques prêtres de la FSSPX fondent la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre, sur le modèle des accords du 5 mai 1988. Une commission cardinalice (la commission Ecclesia Dei) veille aux applications pratiques du Motu Proprio, facilitant l’accès à la liturgie traditionnelle aux fidèles qui le souhaitent.

2002 : une des communautés de la mouvance de la Fraternité Saint-Pie X, l'union Saint-Jean-Marie-Vianney, de Campos au Brésil, dirigée par Mgr Rangel, engage des pourparlers avec le Vatican, reconnaît le concile Vatican II interprété « à la lumière de la tradition » et la validité et licéité du rite de Paul VI et obtient le 18 janvier 2002 le statut « d'administration apostolique de caractère personnel » soumise directement au pape. Le rite tridentin leur est reconnu comme rite propre.

2003 : l'abbé Paul Aulagnier, ancien supérieur du district de France de la FSSPX, exprime son soutien aux « accords de Campos » ; il est exclu de la FSSPX en octobre 2003.

2004 : l'abbé Philippe Laguérie, ancien curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet exprime son mécontentement quant au fonctionnement des séminaires; il fait l'objet d'une mutation disciplinaire au Mexique, qu'il refuse. Il est exclu à son tour. La sanction est la même pour ceux qui lui avaient manifesté leur soutien.

8 septembre 2006 : les abbés Philippe Laguérie, Guillaume de Tanoüarn et Aulagnier rejoignent la pleine communion avec l'Église catholique romaine au sein de l'Institut du Bon Pasteur, institut reconnu par Rome de droit pontifical, avec l'usage exclusif des livres de 1962 et le droit à une « critique constructive » du concile Vatican II.

12 janvier 2007 : Mgr Williamson, l’un des quatre évêques sacrés par Mgr Lefebvre déclare dans une interview donnée à l'hebdomadaire Rivarol : « Benoît XVI est un moderniste. […] Ses écrits passés sont pleins d'erreurs modernistes. Or, le modernisme est la synthèse de toutes les hérésies. Donc comme hérétique, Ratzinger dépasse de loin les erreurs protestantes de Luther comme l'a très bien dit Mgr Tissier de Mallerais ». A ce jour cette déclaration n’a pas été contredite par le supérieur de la FSSPX.

7 juillet 2007 : Benoît XVI promulgue le motu proprio Summorum Pontificum dans lequel il affirme l'existence d'un seul rite romain, dont deux formes peuvent légitimement être employées au sein de l'Église : la « forme ordinaire » (messe de Paul VI), et la « forme extraordinaire » (messe traditionnelle dite « de Saint Pie V »). Le motu proprio élargit les conditions de dispense canonique nécessaire pour célébrer la forme "extraordinaire" du rite. Ainsi, un groupe stable de fidèles d'une paroisse souhaitant bénéficier d'une messe selon le missel de 1962 peut en faire directement la demande au curé et non plus à l'évêque comme le prévoyait le motu proprio Ecclesia Dei. Ces dispositions concernent également les autres sacrements: baptêmes, mariages, enterrements et confirmations. Enfin, les prêtres peuvent librement utiliser la forme extraordinaire du rite pour leurs messes privées ainsi que l'édition de 1962 du bréviaire.